ARWC Pantanal 2015, into the wild...
Le Pantanal, vous connaissez? Cette région sauvage à l'ouest du Brésil du coté de la frontière Bolivienne. Des lacs, des rivières, des forêts vierges, des marais, un peu de relief autour, une densité de population des plus faibles au monde, une faune par contre très importante et variée.
Voici donc le théâtre des championnats du monde de raid 2015. 32 équipes dont les meilleures et nous 400team Raidlight Naturex avec Nico Moreau, Audrey Ehanno, Tom Gaudion et Seb Raichon. 700kms annoncés avec beaucoup de kayak/packraft et de trek puis du vtt en fin de raid.
Après 3 jours de préparation sur place où nous gérons surtout l'absence de nos caisses vtt (Merci au formidable José Pires, The bénévole de l'ARWS), nous quittons Corumba en bateau militaire pour rejoindre le départ qui se situe sur la rivière Paraguay à 10h de route ou plutôt de rivière. La nuit sur le bateau est des plus originale, 30 couchettes dans une salle sans fenêtre de 15m2! On a reçu les cartes lors du breefing et l'on trace notre itinéraire sur ces grandes cartes au 100000..., on découpe, on plastifie. Nous arrivons dans un petit village le samedi matin 14 novembre au lever du jour. Il y a un projet social avec une école qui regroupe les enfants de la région. Nous faisons la visite et offrons des livres aux jeunes. La chaleur est écrasante, 35° à l'ombre voire plus... A 13h nous embarquons sur le Paraguay pour une première section de 55 km environ à contre courant!
Section 1: Kayak 55 km dans un four...
Ce départ en ligne en kayak est magnifique, nous partons vite surtout Nico et Audrey!!! On lutte avec Tom pour les reprendre. Très vite on s'aperçoit que notre intense entrainement kayak des dernières semaines a porté ses fruits. On est avec les meilleurs ou pas loin. Nico se donne sans compter et nous faisons des ablutions rafraichissantes régulièrement pour abaisser notre température corporel. Nous avons opté pour les tenues déserts blanches de Raidlight et cela semble dès le début être un excellent choix! Nous passons une bonne partie de l'après midi avec les Espagnols, puis seuls, nous attaquons une partie de navigation plus intéressante et sauvage pour rejoindre un grand lac. Nous apercevons nos premiers crocodiles, nous atteignons le grand lac à la tombée de la nuit, 1er coucher de soleil, 1ère fois également que les américains de Tecnu nous double!!! Notre fin de section est plus poussive, quelques équipes nous doublent dans la nuit sur cette interminable final. Il est 23h30 environ quand nous touchons enfin la terre à la 10ème place environ.
Section 2: trek 25km, jaguar et premier bush...
Après une transition des plus rapides, nous partons en marchant en prenant soin de nous alimenter. Puis sur cette première longue piste qui nous fait passer momentanément la frontière Bolivienne, nous courrons un peu et reprenons les très sympas sud africain de Merell. Petit chassé croisé également avec les militaires Suédois (SAFAT). Seuls, nous approchons du premier CP et sur la gauche 2 yeux nous observent, on éclaire, un jaguar déjà! Je sors ma Gopro mais hélas le fauve s'en est allé...
Ca commence bien ce raid. On pointe le premier poste et l'orientation fine démarre, 3 équipes devant nous semblent jardiner un peu, je prends le cap et trouve assez rapidement le sentier qui doit nous mener au cp suivant. Ca met en confiance! Dans la montée sèche, on reprend les suédois de Peak mais Nico nous fait un petit coup de chaud... Le bonhomme est solide, après 5' de pause, on pointe le poste et on attaque la descente "into the bush". On ne sort pas la machette mais la progression est compliquée. On reprend une nouvelle équipe et l'on trouve un petit canyon que l'on descend. Je m'aperçois au bout d'un moment que j'ai perdu ma carte! Heureusement qu'on avait "acheté" un deuxième jeu car je me vois mal la retrouver dans cette végétation luxuriante. Comme toujours lors de ces progressions, le verdict tombe à l'aire de transition suivante! A t on trouvé la bonne trace, le meilleur passage? He bien oui puisque nous pointons quasiment au lever du jour le dimanche matin à la 4ème place! Les Silva sont là, nous sommes devant les anglais et les espagnols, le moral est au beau fixe!
Section 3: packraft-trek 50km, où l'on comprend que le raid sera long, très long...
Très rapidement, l'on s'aperçoit que l'un de nos deux rafts se dégonfle, on s'arrête, on inspecte le bateau mais rien pas de trou. On repart en prenant soin de bien fermer les bouchons et ouf ça tient. Nous avions du juste mal fermé l'un d'eux. Sinon c'était mission impossible... Notre raft avec tom est trop petit, on est super mal installé et j'adopte la position allongé. Nico et Audrey les gros bras de l'équipe nous tractent! On déambule au lever du soleil dans des méandres, c'est beau et sauvage. Les espagnols nous doublent, puis des tchèques mais nous les lâchons à nouveau sur une coupe qui s'avèrera en fait être le cheminement idéal (cette carte est piégeuse...), la chance est avec nous!
Regroupement au CP6 car ce dernier est manquant. Les espagnols tournent depuis un moment (souvenir du RIF), nous cherchons, les Anglais et les Tchèques nous rejoignent. Nous prenons la photo du coin et continuons notre route!
Un immense lac se dresse devant nous, vent de face... Cela ne va pas être une partie de plaisir. On se lance à l'assaut des vagues en position d'attaque, Nico et Audrey peinent enfin:) A nous de les accrocher, on double les Anglais, histoire des les impressionner, on en remet une bonne couche! On termine enfin la partie raft de cette section. On accoste sur une plage en bord de forêt dense très dense... On fait le plein d'eau, on charge nos sacs avec les bateaux, les gilets, les pagaies! Il doit faire 40° à l'ombre... On attaque la partie trek, on a du bush à traverser pour atteindre le CP7 au sommet. J'ai chaud très chaud, je suis limite... Nico a sorti la machette et nous ouvre la voie, Tom prend le relais de temps en temps. Chaleur plus bush plus ascension vertical égal 1km/h. On avance malgré tout et on entend autour de nous une ou deux équipes. On se fait une pause à l'entrée d'une grotte d'où un semblant de fraicheur en sort. Mais au bout de 5' on entend les Anglais en approche. On poursuit jusqu'au CP où l'on retrouve Silva à l'ombre d'un arbre et les Anglais en forme qui en repartent. On a chaud mais on est dans la course plus que jamais, 3ème à 1' des 2èmes. On a un moral d'acier et on entame immédiatement la descente vers l'aire de transition. On a plus d'eau et ça commence à être limite. On navigue à la boussole vers un cours d'eau... à sec. Puis 1h plus tard un autre et là miracle une source! La chance est toujours avec nous, on boit des litres, on s'asperge et on reprend notre cheminement. Un chemin doit nous mener à bon port. On trouve une trace qui s'avère être un ruisseau. On se souvient du breefing où Shubi nous avait dit "le trait noir sur la carte correspond soit à un chemin, soit à une rivière, soit à la trace idéale..." On se dit qu'on est sur le bon mais rapidement on tombe à nouveau dans le bush. Cette fin de section ne sera donc pas facile! Très vite Silva arrive, on cherche ensemble. Ils semblent vouloir poursuivre dans cette voie. On pense au contraire qu'il y a autre chose à faire. Bientôt d'autres équipes arrivent (4-5) et on décide avec Merell de partir plein nord pour retrouver le bon chemin. On y arrive enfin! 2h de perdu mais c'est rien par rapport aux suédois et autres américains qui persévèrent sur la mauvaise voie... On rejoint enfin tard dans la soirée la transition. On se rend compte alors que l'orga s'est complètement planté sur les estimations de temps des sections à pied... Nous espérions une arrivée jeudi soir, ce sera au mieux vendredi soir! Nous dormons 1h30 en compagnie de Merell. Ravitaillement et douche au programme pour certain!
Section 4: trek 68km, into the wild...
Nous repartons 3ème en milieu de nuit, les autres équipes ne sont toujours pas là et on les imagine en galère dans le ruisseau précédent... Le moral au beau fixe, on attaque le plus long trek de la semaine tout d'abord par des chemins et sentiers très roulants. Le Cp9 pointé, on cherche en vain et durant une bonne heure le sentier qui doit nous mener sur les flancs de la montagne. Peine perdue, il n'y a rien et on attaque donc dans le rivière puis à nouveau dans le bush. Nico devient un expert de la machette et il nous crée des passages dans cette végétation dense. Au lever du jour, nous sommes dans l'ascension qui doit mener au CP10, le bush c'est terminé pour la journée! Le lever du soleil sur le Pantanal est grandiose. On s'accorde une pause de 5' devant ce décor de rêve. On fait le plein d'eau dans un ruisseau puis on atteint le fameux CP. Nous sommes loin des intouchables Seagate mais à 2h des Anglais 2ème qui n'ont pas dormi... La suite c'est une longue crête avec des sommets intermédiaires. Mes camarades prennent peur quand je leur montre tout au bout de l'horizon l'emplacement du CP11... Une longue journée nous attend. La chaleur se pointe aussi... On marche doucement, on fait des pauses, on trouve au bout de 3-4h une source. On prend le temps et on remplit tout ce qu'on peut (bidon, poches à eau). De temps en temps, de magnifiques Aras volent au dessus de nous par deux ou trois. Franchement, il fait chaud mais que cette nature est belle.
Nos gaspachos et wingel Naturex sont de délicieuses douceurs dans ces moments de canicule. Nous avons des pensées pour le labo qui nous a préparé tout cela... Au milieu de l'après midi, notre situation en eau devient critique. On explore les quelques cours d'eau indiqués sur la carte mais ils sont tous à sec... Et puis plus tard miracle, une source au milieu de nul part sur lequel on tombe par hasard. Le Dieu du Raid est avec nous! On va même jusqu'à se baigner avec Audrey... On repart tout sourire même si notre invincible Audrey est un peu dans le dur! On aperçoit devant nous 7 personnes... mais qui est ce? En fait ce sont 3 journalistes photographes et les Anglais. Ces derniers semblent au plus mal à l'ombre d'un arbre. On les passent. Nous sommes 2èmes des championnats du monde après 55h de course, c'est phénoménal! 3 Australiens hors course nous reprennent. On chemine plus ou moins ensemble vers le tant désiré Cp 11 que nous atteignons en fin d'après midi. On se pose et observons avec Tom l'attaque du Cp12. Audrey nous fait une grosse colère car on veut vite descendre avant la nuit et elle se serait bien posée 5' de plus... On fait à nouveau le plein d'eau. Ce Cp 12 est compliqué de nuit, on perd un peu de temps mais on le trouve. S'en suit une descente sur une crête un peu tendue, des pierres dévalent et Tom n'aime pas du tout ça. Du coup il cherche et nous trouve un canyon sec des plus roulants pour terminer notre descente! J'en profite pour me faire une belle entorse cheville gauche avec petit craquement, oup's va falloir serrer les dents! On coupe une rivière, les australiens sont là et nous disent ne pas trouver le chemin qui mène à l'aire de transition. On prend le temps de remplir nos gourdes et de se nettoyer les pieds. Sur la carte, le chemin suit la rivière puis part au nord est. On suit donc la carte mais pas de chemin. On tente un azimut, on sort la machette, mais toujours rien. On se dit alors que de nouveau le bush est au programme de cette fin de section. (erreur fatale, on est à 50m du chemin sans le savoir...).
Allez Nico, go! On avance à l'azimut une bonne partie de la nuit, c'est compliqué et puis vers 4h30 du matin cela devient impossible, on tourne en rond sans trouver de passage. On décide de dormir jusqu'au lever du jour. On est en pleine jungle, on met nos hauts et bas ultra light Raidlight, notre moustiquaire de tête et on dort là au milieu de nul part avec la faune locale... Improbable, impensable... On se réveille en vie sans avoir subit d'attaque:) Que faire! On décide de retourner sur la rivière et de la redescendre jusqu'au croisement avec la piste. Beaucoup plus long mais plus sur! On retrouve notre rivière non sans peine. Une autre équipe semble avoir fait ce choix. C'est bon signe. Nouveau moment de grâce, le décor est magnifique, des singes inquiets nous accueillent à leur façon, nous avons parfois de l'eau jusqu'au cou. Quelques petits caimans aussi. Nous avançons doucement. Nous avons sans doute perdu le podium sur cette fin de section mais nous nous sentons privilégiés de vivre un tel moment. INTO THE WILD... Nico devant joue les explorateurs, on l'entend crier de joie, il a retrouvé la piste. 10' plus tard on voit apparaitre la piste qu'on a jamais trouvé sur notre droite.
Les carottes sont cuites, on a du perdre 7 ou 8h sur les équipes qui ont trouvé le chemin immédiatement. De plus cette longue marche dans la rivière a bien entamé nos pieds... On croise Craig le boss de l'Arws, puis l'aire de transition. On est 9ème ou 10ème... et pour l'arrivée ce sera samedi maintenant! On se ravitaille, on nous soigne les pieds. Un photographe prend une photo des miens qui fera le buzz sur face book et qui inquiètera grandement mes proches. Ce sont des "compils" sous mes pieds qui sont en décomposition, et non mes pieds!!! Je souffre de deux ampoules aux petits doigts de pied mais rien de bien grave! Après 5h de marche dans une rivière, forcément on a les pieds un peu fripés... Le médecin local me met de l'alcool à 90 sur mes ampoules, je hurle de douleur, un journaliste japonais ne comprend pas que je continue le raid. Je lui explique avec mon anglais "parfait" que ce ne sont pas deux petites ampoules mal placées qui vont mettre un terme à mon expédition Pantanalesque...
Section 5: kayak, 60km, avec le vent et les courants!
Nico toujours aussi efficace a préparé les bateaux. Nous partons pour une nouvelle longue section kayak. On décide rapidement de s'accrocher et de dormir à tour de rôle. Le vent nous pousse, le courant est parfois fort. Hélas les arceaux de nos voiles se sont cassés et on ne peut les utiliser! Des photographes nous approchent souvent. Cette section est finalement tranquille. On avance à un bon rythme et on se repose aussi.
On passe donc la journée du mardi ainsi jusqu'au terme de la section qui marque le début de la partie la plus difficile du raid au coeur du Pantanal. Nous dormons dans notre tente 1h30, un petit café Naturex et c'est reparti!
Section 6: trek, 50km, la rivière aux crocodiles...
Difficile pour nous de remettre les pieds en marche, les ampoules nous font boitiller. Petit à petit ça va mieux, on trouve le début du chemin facilement. Ce dernier se transforme rapidement en rivière. Au début nous croisons de petits caimans ridicules. Tom nous fait mourir de rire avec ses angoisses nocturnes! Les Anglais nous doublent, on les pensait devant! L'état de nos pieds ne nous permet pas de les suivre. On se demande alors pourquoi l'orga ne nous a pas fait faire cette section en packraft. On marche dans une rivière sans fin. On voit nos premières dangereuses raies! On ne peut s'appuyer sur rien sur la carte car les rivières n'existent plus et le chemin est lui même une rivière. Seuls quelques barrières de bétail sont cartées et existantes mais pas toutes! Nouveau lever du jour dans un décor somptueux. Quelle Aventure.
On atteint le premier point de référence cartée plus tôt qu'on le pense. Tant mieux. Une ferme et un cowboy qui nous indique le chemin suivant. On a le moral en ce début de matinée. Nico se plaint de plus en plus des pieds et le rythme baisse. On trouve la ferme suivante assez facilement. On demande à un autre cowboy le chemin, il se montre vague et nous indique une direction. On tente, on trouve des traces d'animaux mais rien de sur. J'hésite et après une heure, je propose aux copains de retourner à la ferme car je crains de perdre le cap sur cette fin de section et vue l'environnement et la carte, y a moyen de se perdre un moment!
De retour vers la ferme Nico marche sur un gros croco. La chaleur est de nouveau écrasante. Les locaux nous propose un bon repas et de l'eau fraiche. C'est parfait à ce moment de la journée! Audrey n'a pas le droit de manger avec nous et elle prend son repas dans l'arrière cuisine!! On repart accompagné par notre cowboy qui nous emmène dans la bonne direction. Je le remercie mais il tient à nous accompagner plus loin! C'est limite gênant et au bout d'un moment on lui fait comprendre qu'on va vraiment continuer seul:) Il fait de nouveau très chaud, on se baigne régulièrement, on trouve de l'eau facilement tellement il y a des marais. Parfois l'eau est à 40° et nos pieds souffrent de plus en plus. On avance doucement dans des paysages grandioses. Sangliers, loutres, oiseaux plus beaux les uns que les autres nous accompagnent. Tenir un cap sur 20km, c'est difficile. les zones de végétation cartées ne correspondent à rien dans la réalité. Nous comprenons vite qu'on atteindra pas la fin de la section de jour... Avec Tom on se cale, sur une barrière à la tombée de la nuit. Audrey prend soin de Nico. Nous sommes à vol d'oiseau à 5km de l'AT. Le problème est que nous ne connaissons pas exactement notre position sur cette barrière. De nuit le seul choix possible est de partir à l'azimut plein nord avec erreur volontaire jusqu'à la barrière suivante (en espérant qu'elle existe encore) puis de longer cette barrière plein est jusqu'à l'AT... Mike Horn est en nous, explorateurs de l'extrême nous voici!!!
Bien sur ce sont des marais sans fin devant nous... J'ouvre la voie avec mes bâtons sondeurs , Tom derrière puis Audrey et Nico. Je garde le cap, Tom surveille les ilots où l'on pourra éventuellement planter la tente. Au début peu d'eau puis de plus en plus et des yeux qui apparaissent. Lorsqu'ils sont rouges, ce sont de petits caimans, losrqu'ils sont jaunes, ce sont des spécimens de 3-4m! De temps à autre une bande de terre où l'on reprend son souffle. Je suis étrangement serein, "les crocodiles ne sont pas un danger, nous avait-on dit au breefing", je continue en ayant intégrer visiblement cette donnée qui a sans doute échappée à Tom qui a sorti la machette dans mon dos, pour me sauver me dit-il! Deux heures qu'on taille notre azimut dans cette ambiance, on devrait approcher... Pourvu que cette barrière existe encore... on arrive dans une zone très profonde, crocodileland, on contourne par l'est et puis miracle une lumière sur notre droite dans la direction supposée de l'AT! Cette lumière est notre nouvelle visée, mais entre nous se dresse de nouveau des marais bien profonds et peuplés. Je sonde de nouveau et hop un croco sous mes pieds qui fuit à la vitesse de la lumière. Puis un 2ème... je suis content d'avoir mes bâtons! Tu vois bien Tom qu'ils ont peur de nous:) Vers 22h ce mercredi soir nous rejoignions la frontale de José Pires à l'AT 6 terme de cette section d'anthologie qui nous aura occupée 24h et marquée pour le restant de nos jours. Nous retrouvons Merell, Tecnu et des équipes Brésiliennes shuntées. 6 équipes sont partis sur la section suivante de packraft, José s'occupe de nous, repas chaud et repos. Nous prévoyons de repartir au lever du jour. On est chaud bouillant!
Section 7: 50km packraft, voyage au dessus du Pantanal
A notre réveil à 4h30, José nous apprend que les anglais sont revenus en arrière car ils ne trouvaient pas le chemin. Il nous indique également que Seagate est sur le section depuis plus de 24h et que c'est très compliqué, que les espagnols ont envoyé un message de secours et que les estoniens semblent perdus également. Le capitaine Anglais réuni tout le monde et signale qu'il nous faudra environ 2 jours pour faire cette section ce qui nous amènerait à vendredi soir... veille de l'arrivée, et avant veille de notre départ pour la France. Il joue le rôle de l'organisateur qui s'adapte en lieu et place des organisateurs qui semblent dépassés et qui ne mesurent pas l'ampleur de la tâche pour avoir les équipes samedi à l'arrivée. L'organisation finit par répondre positivement à la demande des Anglais. Plus personne ne part sur cette section packraft. On va nous transporter par petit avion local au départ de la section vtt n°9! On en profite donc pour dormir de nouveau et se ravitailler... Dans l'après midi du jeudi, un premier avion transporte les sud af de Merrel puis les Anglais, puis les Américains, puis nous. Nous pensons alors que cette AT était une sorte de dark zone et que nous repartons en chasse de ces 3 équipes pour cette fin de raid. Sachant que peu d'équipes sur les 5 sortiront du packraft n°7, on se dit alors que la course est relancée...
Notre vol dans ce petit coucou de l'armée Brésilienne est fantastique. Il vol très proche du sol, la vue sur le Pantanal est merveilleuse. On passe au dessus d'une équipe en packraft et on ne les envie pas tant ils semblent perdu dans ce dédale de marais...
Section 9: 185km vtt, sable, soif et orage...
Enfin du vtt, on est jeudi soir et depuis samedi 13h, on marche ou on pagaie! Romu n'aurait pas aimé ce manque de variété...
On se prépare vite contrairement à Tecnu. L'orga nous annonce un vtt modifié par rapport aux 150km prévu. Dans nos têtes, modifié égal raccourci, on ne se charge pas trop en nourriture et eau du coup. De plus on va faire ça de nuit...
On part en même temps que nos amis américains. Audrey n'est pas du tout avec nous, elle est "ailleurs" comme elle dit. Ce début de section est donc bien difficile pour elle. Nico l'accroche à sa laisse. Avec Tom on est bien dans la carte et les chemins sont presque tous cartés, ouf!
Par contre on est dans des zones de sable et avec le manque de pluie des dernières semaines, on est plus souvent à coté du vélo que dessus! Même de nuit, cette zone est chaude et très rapidement on épuise nos réserves en eau. Pas de village, pas de rivière, rien toute la nuit. Une mare avec des bestiaux, on remplit une gourde en cas de dernier recours mais l'eau noire est peu engageante. Heureusement j'avais emmener 3 boissons sucrés. Je distille toutes les 30 mn une gorgée à chacun! Le wingel naturex devient alors le safegel tant sa fraicheur nous comble.
On a repéré une ferme et notre but est de l'atteindre pour faire le plein d'eau. Vers 5h du matin nous y sommes enfin. Les chiens hurlent, un homme se réveille au loin et pointe derrière des barrières, Nico nous fait alors un show de communication à distance"amigo, por favor, agua, amigo, amigo, agua...". Après quelques minutes assez longues un autre homme se pointe. Il nous invite à venir et nous pouvons alors boire sans fin comme on en rêvait depuis de longues heures! Le bonheur c'est simple comme une bouteille d'eau... On repart de nouveau sur de bons rails. On s'amuse alors à imaginer que nous sommes dans un jeu et que l'organisateur nous lance des défis successifs que nous remportons. Après la canicule, le bush, les singes, les crocos, l'avion, le sable, la soif... Que nous réserve maintenant Shubi? He bien c'est l'orage et les pluies diluviennes. Bon pour le coup on n'est pas contre car cela nous rafraichit bien. Mais rouler dans le sable, face au vent et dans l'orage, cela à tendance à ralentir encore notre rythme!
Cette section modifiée s'avère plus longue et on s'aperçoit de notre erreur lors de notre préparation de section. On n'a plus rien à manger quand Tom nous annonce tout sourire que lui a encore plein de chose dans son sac! Champagne! On termine fort cette section, on se relaye, on s'accroche les uns les autres, Nico en locomotive. On retrouve vie humaine le vendredi midi à un Cp. On pourrait acheter à manger mais on a plus d'argent, tout juste de quoi acheter une bouteille de coca fraiche. Il reste encore 45km et cela me coupe un peu les pâtes d'autant que les ricains sudaf et anglais sont plus de 2h devant nous... On traverse une rivière en bateau, petite pause bienvenue puis on termine cette section. Enfin quelques cotes et descentes à l'approche de mines de fer. La terre et les mares sont d'un rouge puissant. On croise un énorme serpent sur le bord de la piste! On retrouve enfin nos caisses et on se délecte de nos victuailles tant désirées! Seagate arrive alors, ils ont l'air en pleine forme, serein. On repart à vélo pour le nouveau défi de Shubi, 13km sur une voie de chemin de fer. Horrible! mais on relève le défi. Les suédois de Peak nous rattrapent sur cette section et cela nous énerve franchement. Pas question de se faire doubler par Peak! On attaque ainsi la montée vers l'atelier de corde au taquet et on les dépose sur place.
Section 10: cordes, oulalalala!
On se change vite et l'orga nous indique qu'il faut suivre le balisage pour monter au départ du rappel. Le balisage est défaillant et dans le brouillard on le perd à de nombreuses reprises ce qui a le don d'énerver Toto. On finit par arriver tout de même au bord de la falaise. Brouillard, vent cinglant, rappel vertigineux. Les guides locaux nous équipent, la mise en place dans le vide est tendue, je prends le soin de ne pas trop allumer ma frontale pour ne pas voir l'environnement... C'est un rappel de plus de 150m guidé par une poulie. Mi tyro, mi rappel qui nous place dans un gigantesque vide. Quelle ambiance!
Section 11: allez dans 25km on boit une bière...
Ce dernier vtt semble une formalité, une belle descente puis un retour roulant vers Corumba. J'annonce aux copains qu'on va boire une bière dans 2h!
On galère un peu pour trouver le sentier de départ et puis superbe descente singletrack vtt, la seule du raid. On rejoint une piste et là le sommeil dans cette fin de soirée nous attaque. 7ème nuit de raid, oup's c'est dur, on avance, on chante, on crie pour se réveiller, on reprend du café. On traverse une piste pleine de gleyse et on manque de tous casser notre transmission. Nouvelle épreuve de Shubi, on passe encore! On trouve le cp suivant. On dort 10mn. Allez dernière ligne droite! Et puis quelques kms plus loin plus rien, plus de chemin, plus de sentier, juste un bout de rubalise qui nous invite à rentrer dans le bush! Non Shubi pas maintenant, pas la dernière nuit, pas à 10km de l'arrivée. Là c'est abusé,! Tom ne veut pas me croire qu'il n'y a pas de chemin. Je lui montre les traces des nos copains qui sont passés avant mais nerveusement, c'est trop pour lui en cette dernière nuit. On décide de dormir 30' avant d'affronter les 5kms à venir. Car vu la végétation, il nous faudra bien 3-4h pour passer... Je réveille les troupes pour en finir. On avance, en suivant les traces des autres, Tom et Audrey trainent, je mets du temps à m'apercevoir que Tom n'est pas réellement avec nous... "serge" s'est réveillé à sa place et il est complètement à coté de ses pompes. "on est où?" "on fait quoi?" "vous me manipulez?". Moment très désagréable qu'on abrège à coté d'une ferme posé au milieu de nulle part. On refait une sieste pour attendre le lever du jour. Les américains sont là aussi et dorment! Je laisse les copains et je cherche la sortie de cet enfer. Je trouve une rivière qui part dans la bonne direction et persuadé que notre salut passe par là je réveille de nouveau les copains au lever du jour. Tom est de nouveau avec nous, ouf! On longe, nage avec notre vtt dans cette rivière et on aperçoit à nouveau une trace dans le bush certainement celle de Seagate. On l'emprunte et une petite heure plus tard nous atteignions enfin la piste finale! Shubi, défi relevé! ce serait bien d'arrêter là... C'est une victoire pour nous d'autant qu'on sait les américains derrière nous!
On roule le coeur léger jusqu'à Corumba pour la dernière épreuve de barque de 5km. Nous atteignions la Transition vers 8h du matin. Seuls Seagate et les Anglais sont passés. On a aussi doubler Merrel! Yes.
Section 12: barque 5km, on coule!
On embarque c'est le cas de le dire dans une barque très instable. Il nous faut remonter le Paraguay et il y a du courant. A aucun moment l'orga ne nous dit de laisser nos sacs. On est tellement chargé qu'à chaque déséquilibre, l'eau pénètre dans la barque!!! Tom nous dit qu'on va couler. On lui dit que non et puis 2km plus loin... Shubi nous fait couler! On perd une pagaie, on arrive tant bien que mal à atteindre le bord où des locaux nous aide à vider la barque. Les Sud Af de Merrel nous doublent alors avec une barque bien meilleure que la notre et sans leur sac! Quelle injustice... à 3km de l'arrivée, ça nous plombe! Ca fait genre arrivée de l'an passée en Equateur! Un sprint après 7 jours complètement inégalitaire... Bon les "Merrel" on les aime bien, la pilule passe mieux! On repart sans nos sacs laissés dans les fourrés. On franchit enfin cette ligne ce samedi matin vers 10h après 165h de course juste devant Tecnu qui termine à pied après avoir coulé également!
Jamais dans nos précédentes aventures nous avons atteint une telle intensité émotionnelle. Les dernières 24h mis à part le rappel sont inutiles et clairement de trop mais ce que nous avons pu vivre les 6 jours précédents n'est pas donné à tout le monde. Ce plongeons dans le coeur du Pantanal restera à tout jamais dans nos mémoires. Je suis fier de notre équipe si soudée. Nico a montré une grande force mentale et physique. Toujours à l'écoute des autres, il aura souvent tracé la route.
Audrey imperturbable, sereine, tranquille aurait pu continuer sans doute encore longtemps.
Tom notre moteur à pied aura dépassé de nouveau de nombreuses limites personnelles.
Quant à moi, à un chemin près, je suis assez content de mon orientation et qu'on se le dise, mes vieux pieds fripés vont bien!!!
L'ARWS doit maintenant réfléchir à son cahier des charges concernant les organisations des raids et surtout les finales car cette fin de raid ne donne pas beaucoup de crédibilité. Le classement ne repose sur rien (on nous classe 9ème derrière les Américains alors qu'on franchit la ligne avant eux avec un parcours identique, les Espagnols et Estoniens sont 4èmes et 5èmes alors qu'on doute de leur autonomie sur la section packraft).
La cérémonie de clôture est à l'image de cette fin, indigeste. On aura tout de même eu le plaisir de discuter avec les Français d'Issy plein de rancoeur envers cette organisation dépassée par l'évènement. Leur principale erreur aura été de sous estimer le durée des sections, voire de ne pas avoir fait les reconnaissances en condition de course. Malgré tout leur accueil aura toujours été chaleureux et sans eux nous n'aurions vécu cette expérience.
Un grand merci à nos partenaires sponsors sans qui également tout ceci n'aurait été possible. Raidlight, Naturex, Hoka, la Brink's notamment.
La saison 2015 s'achève. Compter sur nous pour 2016...
2 Comments:
Bravo à vous tous et merci pour ce récit.... ce n'était pas tj évident cette fois de vous suivre à distance!
et aux prochaines aventures
Thérèse Lhermet
Bravo les gars (Audrey en fait parti), super récit, ça donne envie d'y aller, c'est dire ! Sauf les problèmes d'organisation...
A dimanche !
Arnaud,
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