Championnat du monde de raid aventure Equateur 2014 700km des Andes au Pacifique.
La video "inside" en cliquant sur le lien:https://www.youtube.com/watch?v=VuMfZa3cATU
Le récit ci dessous:
Pour cette finale 2014, toutes les meilleures équipes sont présentes. Nouvelle Zélande, Suède, Etats unis, France, Angleterre, Espagne, Equateur… La diversité et richesse de la nature équatorienne promet une course magnifique ! Notre préparation est très amateur en comparaison de certaines équipes arrivées sur place depuis deux semaines mais en 3 jours, nous nous acclimatons correctement à l’altitude. Notre préparation est quelque peu perturbée par l’arrivée très tardive de nos caisses vtt bloquées à Madrid puis Miami et par la bronchite d’Audrey ! Malgré tout nous voici sur la ligne de départ ce dimanche 9 novembre pour le plus grand défi de notre vie de raideur.
Section 1, trek 29km : en haute altitude
Le départ est magique, le volcan Antisana se dresse devant nous, le soleil est au rendez-vous et la nature grandiose. Nous sommes à 3800M d’altitude. Les équipes se dispersent dans les landes puis se retrouvent sur une piste qui mène à 44OOm d’altitude. Nous sommes agréablement surpris car notre rythme est bon et nous nous retrouvons dans un second groupe à distance respectable des cadors ! La descente est tout aussi belle et nous changeons rapidement de décor. La végétation est déjà dense et le sol parfois très boueux. Nous retrouvons les espagnols et américains et terminons avec eux cette magnifique 1ère section. 5 équipes se sont détachées 15 minutes devant notre trio. La course est lancée. L’arrivée à la transition 1 est digne d’un tour de France avec une grande ferveur.
Section 2, vtt 67km : Dont 45 de route…
Là c’est moins fun, une longue descente sur route à 40km/heure, puis le seul sentier de la course hélas impraticable. Nous poussons et portons dans la boue notre vtt, la pluie commence à tomber et nous arrivons assez vite à la transition 2 toujours en 8ème position. Encore une superbe ambiance avec ravitaillement à volonté.
Section 3, trek cordes, 44km : Superman entre en action
On repart sur une piste en profitant encore des pâtes et sandwichs offerts par les équatoriens. Audrey a son moment de souffrance du raid avec des crampes d’estomac très douloureuses. Accrochée à mon élastique, j’essaie en vain de lui changer les idées… La nuit tombe, nous marchons à bonne allure et retrouvons tout d’abord les américains de Tecnu. Nous traversons ensemble le premier pont instable à l’aide de nos longes et baudriers pour éviter de finir dans la rivière. Ils repartent vite sur un sentier très escarpé et ultra technique. Le genre de déplacement qu’affectionne Adrien. Hélas notre guide est sec et l’altitude ne favorise pas un retour en forme. Il râle d’être dans cet état. Malgré tout il a l’art de trouver le bon cheminement et nous rattrapons les espagnols de Columbia, les anglais Adidas et les américains une nouvelle fois ! Ce chantier va durer toute la nuit, nous progressons à une toute petite vitesse. Nous devons alors franchir un 2ème pont en très mauvais état, nous sommes en compagnie des espagnols. Nous sommes longés à une corde de sécu, le bois est pourri et Adri très à l’aise et déjà de l’autre côté quand le pire se produit : le sol s’effondre sous les jambes de Barbara la brésilienne de l’équipe Espagnole. Elle disparait sous le pont vers la rivière en folie, seul son sac à dos est visible de là où l’on est. Heureusement elle est accrochée à la ligne de sécu via ses longes. Ses coéquipiers sont tétanisés et ne bougent pas. Adri déjà de l’autre côté est le mieux placé pour venir la secourir, il arrive tel superman et sort la belle espagnole non sans difficulté. Nous tenons notre héros ! Remerciement très rapide des espagnols et ils repartent de plus belle…
La végétation est dense et magnifique. Audrey va mieux mais c’est cette fois Tom qui ressent le mal d’altitude, maux de tête et jambes coupées ! Je me dis alors que la ligne d’arrivée est bien lointaine et qu’il va falloir déjà penser à la relier et calmer nos ardeurs. La pluie redouble, la température chute, on commence à avoir froid. Je me sens en forme olympique et accroche Adri et Tom derrière moi pour arriver au plus vite au chaud à la transition 3. Au petit matin c’est chose faite et après s’être changés, nous prenons comme la plupart des équipes devant nous 2h de repos sur les 8 imposées par l’organisation. Nous apprendrons plus tard avec grand regret l’abandon des copains LSN à cette transition. Tandis que les champions du monde en titre Mimi Jacky accompagnés de Sylvain et Vincent font la course en tête.
Section 4, vtt 144km : Dur dur…
Après notre repos, nous espérons repartir sur un rythme plus soutenu, hélas Adri n’est pas mieux et c’est même pire. Avec l’altitude il a les jambes coupées et le col à franchir est bien haut. On l’atteint enfin et la récompense est magnifique. Le majestueux volcan Cayambé se dresse devant nous et rend la descente sur piste splendide. Nous débutons alors notre très mauvais passage de la semaine. Des erreurs d’orientation qui nous coute en cumulé 3h environ, un rythme lent. Et malgré quelques beaux passages le long de canaux ou dans une ancienne voie ferrée, nous peinons sur cette trop longue section. A Guayllabamba, nous confondons la direction El Pisce avec El Quiche ! Résultats nous prenons la route panaméricaine dans la mauvaise direction et on ne comprend rien à la situation. 1 heure de perdue dans la ville qui nous fait bien rire aujourd’hui ! La fin de section de nuit est difficile. Les Suédois nous rattrapent et cela nous relancent un peu et nous permet de rejoindre au milieu de la nuit San José de Minas en 8ème position loin des 6 premiers. Nous décidons de dormir 2 heures à nouveau et apprenons que nous devrons purger comme la plupart des équipes 4h de pénalités pour un avoir emprunté un passage interdit sur une piste. C’est plutôt une bonne nouvelle pour nous car cela signifie 4h de sommeil en plus à la prochaine transition. Seul Seagate dans les 10 premiers a respecté le road book et tient alors sa victoire.
Section 5, trek 45km : et au milieu coule une rivière…
Il est 5h du matin ce mardi quand nous reprenons notre route pour un beau trek. Nous sommes en forme globalement. Nous trouvons assez facilement le premier poste et entamons une longue ascension quand surprise, nous retrouvons les américains qui se sont perdus toute la nuit ! 6h qu’ils fouillent et cherchent le sentier qui mène au sommet. Incroyable scénario. Cela nous gonfle le moral. La montée est longue et très raide. Le soleil est présent et nous brule la peau. J’accroche Adrien pour ce dernier passage en altitude. Audrey va bien et Thomas a retrouvé la grande forme. Nous atteignons le sommet mais le poste suivant est difficile d’accès, un chemin n’existe plus et nous en retrouvons un autre pour atteindre le poste. Audrey souffre des pieds mais ce ne sera bientôt pas la seule ! Nous entamons alors un des plus beaux passages du raid, une descente sur un vieux chemin de contrebandier. Le sol s’est creusé au fil des années et nous évoluons dans un passage étroit bordé de roche ou de végétation luxuriante. La pluie se met à tomber transformant le sentier en une rivière de boue. Quelle ambiance. On est à l’attaque car on se sait performant sur les passages techniques. Hélas en bas de la descente, nous entamons une bonne dizaine de km de piste pour rejoindre la transition et nos pieds nous ralentissent fortement. Nous rejoignions Méridiano en début de soirée. Nous sommes 7ème à moins de2h des anglais et américains. Nous purgeons la pénalité de 4h comme tout le monde. On soigne nos pieds. Adrien n’arrive toujours pas à manger mais il est moins à la peine à cette plus basse altitude. Comme à chaque transition ou presque, on peut commander un plat chaud local ou une soupe. Le grand luxe…
Section 6, vtt 159km : ballade entre amis
Nous entamons dans la nuit de mercredi ce 2ème grand chantier VTT. Mais nous sommes sereins car savons qu’on sera bloqué au départ de la rivière ce soir et qu’on ne pourra entamer le kayak que demain à 5h30. Donc on roule régulièrement en prenant le temps de s’alimenter correctement. Il pleut encore en début d’étape. On enchaine les longues ascensions sur pistes. C’est difficile moralement surtout de nuit. Finalement nous avançons assez vite sur la carte et pensons pouvoir rejoindre dans la soirée le stop dark zone à Indépendiente. Dans l’après-midi, nous nous régalons sur une descente dans une magnifique forêt tropicale. Nous nous offrons le luxe d’une pause de 45 minutes dans un resto !!! Nous atteignons ensuite l’atelier corde ou surprise les Anglais sont encore là ! Un saut, une petite tyrolienne et un pont de singe. Jolie mais un peu gentillet compte tenue de l’évènement… On termine ensuite la section vers 18h par un joli coucher de soleil. C’est la pause obligatoire, les américains et les anglais sont là, on peut encore espérer toucher la 5ème place ! On mange, on dort, on discute avec de jeunes équatoriens francophones. A 3h du matin, nous avons la mauvaise surprise de voir que 8 équipes au total sont là. On repart donc pour un raid départ en ligne avec ces 7 équipes. Les compteurs sont remis à zéro, c’est le principe injuste de la dark zone !!!
Section 7, Kayak rivière 69km : beau et humide
Une petite marge d’approche pour atteindre la rivière où je me fais un coup de stress en traversant un fossé sur un tronc. Un vertige qui fait bien rire mes camarades… Superman me sauve la vie même si je ne ressemble pas à une brésilienne ! Un vrai héro quoi… L’organisation nous donne alors ses consignes de sécurité. Ils sont d’ailleurs très pro à ce niveau-là. Nous entamons notre descente 10 et 5 minutes après nos adversaires Anglo-saxons. Nous craignons le retour des équipes suédoises. La rivière est magnifique, la végétation luxuriante. On avance vite sur des kayaks auto-videurs très bas. On se régale. Les premiers rapides approchent, un classe 3 voire 4 nous met tous à l’eau, on tape les genoux sur des rochers, on perd notre matériel. Mais on récupère tout grâce à l’aide de deux secouristes sur place. On a rattrapé les anglais qui sont en vrac aussi ! On repart et avec tom on va maîtriser les rapides suivants contrairement à Audrey et Adri qui baignent à chaque fois ou presque ! Adri casse ensuite sa pagaie sur une nouvelle chute et nous ne savons pas encore que cela aura de lourdes conséquences… Nous terminons cette magnifique et ludique section proche des 2 équipes devant nous et nous sommes heureux de constater que personne ne nous a rattrapés… Les suédois, c’est plus ce que c’était !!!
Section 8, vtt 42km : montagnes russes
Nous sommes jeudi après-midi et le soleil tape bien fort. Cette courte section de vtt est roulante au début et infernale sur la fin. Des montagnes russes avec des pentes à 20%. Tom est forme olympique mais casse sa chaîne. J’ai le genou gauche en feu suite à ma chute de kayak. On rejoint tantôt à pied tantôt sur le vélo la Y de Cube où une belle surprise nous attend avec la présence des copains de Lozère. On discute et on se prépare pour la section jungle annoncée très difficile…
Section 9, trek 40km : bouhhhhhhhhhhhhh
Il est 18h30 environ ce jeudi soir lorsqu’enfin prêt nous partons pour l’enfer… Pas de carte dans ce secteur. Nous devons suivre la trace GPS. Et c’est un problème pour nous car nous ne savons pas faire. Tom et Adri s’y collent sur les 10km de piste qui permettent d’atteindre l’entrée de la forêt. Mais ils n’y arrivent pas, pire Adri tombe le gps et la vitre se brise… Il fonctionne encore et après une heure d’attente l’un des deux annonce comprendre l’outil ! Ça marche ! Ouf…Le début de la jungle est décevant, une large piste rouge transformée en gigantesque champs de boue. On essaie de protéger nos pieds au maximum en évitant de tomber dans la boue mais très vite on se rend compte que c’est impossible. Alors on y va franchement, s’agit d’aller vite maintenant ! Tom nous agrémente alors d’un moment d’anthologie dont il a le secret. Se ratant sur un franchissement il tombe dans une fosse de boue plus importante et se met à paniquer « au secours je vais me noyer, Seb vient me sauver ». Puis sorti de son enfer, il appelle tout le monde à un peu plus de calme et de sérénité ! On est mort de rire et cela fait du bien dans ce contexte bien hostile…le chemin finit par se rétrécir et on entre véritablement dans la forêt. De nuit elle n’a rien d’exceptionnel par contre le sentier lui l’est ! Un sentier de boue où l’on s’enfonce à minima jusqu’à la cheville mais bien plus souvent jusqu’au genou. Il nous reste certainement 25km à faire… Mais il était écrit qu’on croiserait à nouveau nos amis américains, de nouveau perdus mais cette fois avec leur GPS ! Cela nous motive, Audrey en profite pour nous balancer son sac jugée trop lourd avec véhémence, elle est fâchée, un peu mais pas trop, pas trop longtemps…, Les américains nous doublent puis s’égarent puis nous doublent et ainsi toute la nuit ou presque. Pas de serpent en vue mais de belles mygales. Et puis il fallait pimenter la section avec un dénivelé de 300m à faire dans ses conditions. L’enfer, la galère mais on a pas la choix alors on ne s’arrête pas, jamais. De toute façon où se poser dans ces conditions ! Nous larguons Tecnu sur une dernière erreur de leur part. On termine comme on peut et même à la nage pour traverser la rivière qui nous coupe du CP malgré les réticences de Tom. On réalise certainement le meilleur temps de la section (13h30)….Audrey vient de réaliser pour moi un exploit incroyable tant cette marche nécessitait une force physique et mentale monumentale. Béa d’Endorphinmag nous attend à la transition et nous donne quelques news. Nous décidons d’enchaîner avec la dernière section kayak pendant que la marée nous est favorable. Tecnu arrive au moment de notre départ, les anglais sont une heure devant. Les français qui craquent à 3h. La bagarre continue !
Section 10, Kayak 55km, course 4km : A une pagaie près
L’orga refuse de nous prêter une pagaie de remplacement et nous partons donc avec trois pagaies et demi ! On mange et dort à tour de rôle. On débute sur une rivière puis sur un estuaire. En arrivant au CP 31, on voit les anglais juste devant nous à 15mn ! Mais aussi les américains juste derrière… Mais encore 30km à parcourir… Adri a besoin de dormir, Audrey devient alors superwomen et fait avancer le kayak seule et elle motive les troupes tel un entraineur de rugby ! Elle nous bluffe. Avec Tom on galère avec cette demi pagaie, on s’épuise et lorsque la marée s’inverse, il nous devient difficile de la contrer. C’est long, très long. Le CP suivant est dans la mangrove, Les américains sont à fond derrière nous, les anglais toujours juste devant. On est à fond mais cette demi-pagaie est un lourd handicap. Tecnu nous double juste avant d’accoster, des machines très très entrainées. Ils sortent du bateau, ramassent leurs affaires au plus vite et partent en courant à 15km /h ! On décide alors de prendre un peu plus notre temps pour réaliser les 4kms devant nous amener à l’arrivée à Monpiché. Quand on s’aperçoit que les anglais se sont perdus dans la mangrove et qu’ils arrivent. Ils sont surexcités, posent leurs bateaux, se débarrassent de leur dossier et partent eux aussi comme des furieux rejoindre la ligne. Ils perdent des affaires et en ramassent la moitié… l’un des 4 peine à suivre et cela nous fait rire, le costaud de l’équipe capable encore de courir à 20km/h le tracte alors et ils s’envolent. Nous on ne peut courir à cette vitesse à ce moment-là. On est médusé. Finir un raid de 130h au sprint sur une route, ça gâche un peu la fête. Une arrivée kayak aurait été bien plus logique et saine. Après 2km, on croit voir une nouvelle équipe derrière nous mais ce sont des joggers ! On finit par franchir la ligne d’arrivée en 7ème position à 15mn des américains finalement 4ème et qui doublent les français à 1OOm de la ligne, eux qui pensaient que l’équipe suivante était à 2h ! Nous nous faisons un plaisir de rendre aux anglais leurs affaires tombées sur la route…Fin étrange d’un superbe raid, d’une aventure hors du commun où nous aurons découvert un pays aux multiples facettes.
Nous sommes fiers de cette place assez logique compte tenu de notre niveau physique de la semaine et du peu d’orientation difficile proposée. Nous garderons longtemps en mémoire ses volcans enneigés, ses forêts luxuriantes, ces deux sections kayaks d’anthologie et le bonheur partagé durant 130h ainsi que la grande qualité d’organisation. . Le raid aventure c’est toujours « magic ».
Le départ est magique, le volcan Antisana se dresse devant nous, le soleil est au rendez-vous et la nature grandiose. Nous sommes à 3800M d’altitude. Les équipes se dispersent dans les landes puis se retrouvent sur une piste qui mène à 44OOm d’altitude. Nous sommes agréablement surpris car notre rythme est bon et nous nous retrouvons dans un second groupe à distance respectable des cadors ! La descente est tout aussi belle et nous changeons rapidement de décor. La végétation est déjà dense et le sol parfois très boueux. Nous retrouvons les espagnols et américains et terminons avec eux cette magnifique 1ère section. 5 équipes se sont détachées 15 minutes devant notre trio. La course est lancée. L’arrivée à la transition 1 est digne d’un tour de France avec une grande ferveur.
Section 2, vtt 67km : Dont 45 de route…
Là c’est moins fun, une longue descente sur route à 40km/heure, puis le seul sentier de la course hélas impraticable. Nous poussons et portons dans la boue notre vtt, la pluie commence à tomber et nous arrivons assez vite à la transition 2 toujours en 8ème position. Encore une superbe ambiance avec ravitaillement à volonté.
Section 3, trek cordes, 44km : Superman entre en action
On repart sur une piste en profitant encore des pâtes et sandwichs offerts par les équatoriens. Audrey a son moment de souffrance du raid avec des crampes d’estomac très douloureuses. Accrochée à mon élastique, j’essaie en vain de lui changer les idées… La nuit tombe, nous marchons à bonne allure et retrouvons tout d’abord les américains de Tecnu. Nous traversons ensemble le premier pont instable à l’aide de nos longes et baudriers pour éviter de finir dans la rivière. Ils repartent vite sur un sentier très escarpé et ultra technique. Le genre de déplacement qu’affectionne Adrien. Hélas notre guide est sec et l’altitude ne favorise pas un retour en forme. Il râle d’être dans cet état. Malgré tout il a l’art de trouver le bon cheminement et nous rattrapons les espagnols de Columbia, les anglais Adidas et les américains une nouvelle fois ! Ce chantier va durer toute la nuit, nous progressons à une toute petite vitesse. Nous devons alors franchir un 2ème pont en très mauvais état, nous sommes en compagnie des espagnols. Nous sommes longés à une corde de sécu, le bois est pourri et Adri très à l’aise et déjà de l’autre côté quand le pire se produit : le sol s’effondre sous les jambes de Barbara la brésilienne de l’équipe Espagnole. Elle disparait sous le pont vers la rivière en folie, seul son sac à dos est visible de là où l’on est. Heureusement elle est accrochée à la ligne de sécu via ses longes. Ses coéquipiers sont tétanisés et ne bougent pas. Adri déjà de l’autre côté est le mieux placé pour venir la secourir, il arrive tel superman et sort la belle espagnole non sans difficulté. Nous tenons notre héros ! Remerciement très rapide des espagnols et ils repartent de plus belle…
La végétation est dense et magnifique. Audrey va mieux mais c’est cette fois Tom qui ressent le mal d’altitude, maux de tête et jambes coupées ! Je me dis alors que la ligne d’arrivée est bien lointaine et qu’il va falloir déjà penser à la relier et calmer nos ardeurs. La pluie redouble, la température chute, on commence à avoir froid. Je me sens en forme olympique et accroche Adri et Tom derrière moi pour arriver au plus vite au chaud à la transition 3. Au petit matin c’est chose faite et après s’être changés, nous prenons comme la plupart des équipes devant nous 2h de repos sur les 8 imposées par l’organisation. Nous apprendrons plus tard avec grand regret l’abandon des copains LSN à cette transition. Tandis que les champions du monde en titre Mimi Jacky accompagnés de Sylvain et Vincent font la course en tête.
Section 4, vtt 144km : Dur dur…
Après notre repos, nous espérons repartir sur un rythme plus soutenu, hélas Adri n’est pas mieux et c’est même pire. Avec l’altitude il a les jambes coupées et le col à franchir est bien haut. On l’atteint enfin et la récompense est magnifique. Le majestueux volcan Cayambé se dresse devant nous et rend la descente sur piste splendide. Nous débutons alors notre très mauvais passage de la semaine. Des erreurs d’orientation qui nous coute en cumulé 3h environ, un rythme lent. Et malgré quelques beaux passages le long de canaux ou dans une ancienne voie ferrée, nous peinons sur cette trop longue section. A Guayllabamba, nous confondons la direction El Pisce avec El Quiche ! Résultats nous prenons la route panaméricaine dans la mauvaise direction et on ne comprend rien à la situation. 1 heure de perdue dans la ville qui nous fait bien rire aujourd’hui ! La fin de section de nuit est difficile. Les Suédois nous rattrapent et cela nous relancent un peu et nous permet de rejoindre au milieu de la nuit San José de Minas en 8ème position loin des 6 premiers. Nous décidons de dormir 2 heures à nouveau et apprenons que nous devrons purger comme la plupart des équipes 4h de pénalités pour un avoir emprunté un passage interdit sur une piste. C’est plutôt une bonne nouvelle pour nous car cela signifie 4h de sommeil en plus à la prochaine transition. Seul Seagate dans les 10 premiers a respecté le road book et tient alors sa victoire.
Section 5, trek 45km : et au milieu coule une rivière…
Il est 5h du matin ce mardi quand nous reprenons notre route pour un beau trek. Nous sommes en forme globalement. Nous trouvons assez facilement le premier poste et entamons une longue ascension quand surprise, nous retrouvons les américains qui se sont perdus toute la nuit ! 6h qu’ils fouillent et cherchent le sentier qui mène au sommet. Incroyable scénario. Cela nous gonfle le moral. La montée est longue et très raide. Le soleil est présent et nous brule la peau. J’accroche Adrien pour ce dernier passage en altitude. Audrey va bien et Thomas a retrouvé la grande forme. Nous atteignons le sommet mais le poste suivant est difficile d’accès, un chemin n’existe plus et nous en retrouvons un autre pour atteindre le poste. Audrey souffre des pieds mais ce ne sera bientôt pas la seule ! Nous entamons alors un des plus beaux passages du raid, une descente sur un vieux chemin de contrebandier. Le sol s’est creusé au fil des années et nous évoluons dans un passage étroit bordé de roche ou de végétation luxuriante. La pluie se met à tomber transformant le sentier en une rivière de boue. Quelle ambiance. On est à l’attaque car on se sait performant sur les passages techniques. Hélas en bas de la descente, nous entamons une bonne dizaine de km de piste pour rejoindre la transition et nos pieds nous ralentissent fortement. Nous rejoignions Méridiano en début de soirée. Nous sommes 7ème à moins de2h des anglais et américains. Nous purgeons la pénalité de 4h comme tout le monde. On soigne nos pieds. Adrien n’arrive toujours pas à manger mais il est moins à la peine à cette plus basse altitude. Comme à chaque transition ou presque, on peut commander un plat chaud local ou une soupe. Le grand luxe…
Section 6, vtt 159km : ballade entre amis
Nous entamons dans la nuit de mercredi ce 2ème grand chantier VTT. Mais nous sommes sereins car savons qu’on sera bloqué au départ de la rivière ce soir et qu’on ne pourra entamer le kayak que demain à 5h30. Donc on roule régulièrement en prenant le temps de s’alimenter correctement. Il pleut encore en début d’étape. On enchaine les longues ascensions sur pistes. C’est difficile moralement surtout de nuit. Finalement nous avançons assez vite sur la carte et pensons pouvoir rejoindre dans la soirée le stop dark zone à Indépendiente. Dans l’après-midi, nous nous régalons sur une descente dans une magnifique forêt tropicale. Nous nous offrons le luxe d’une pause de 45 minutes dans un resto !!! Nous atteignons ensuite l’atelier corde ou surprise les Anglais sont encore là ! Un saut, une petite tyrolienne et un pont de singe. Jolie mais un peu gentillet compte tenue de l’évènement… On termine ensuite la section vers 18h par un joli coucher de soleil. C’est la pause obligatoire, les américains et les anglais sont là, on peut encore espérer toucher la 5ème place ! On mange, on dort, on discute avec de jeunes équatoriens francophones. A 3h du matin, nous avons la mauvaise surprise de voir que 8 équipes au total sont là. On repart donc pour un raid départ en ligne avec ces 7 équipes. Les compteurs sont remis à zéro, c’est le principe injuste de la dark zone !!!
Section 7, Kayak rivière 69km : beau et humide
Une petite marge d’approche pour atteindre la rivière où je me fais un coup de stress en traversant un fossé sur un tronc. Un vertige qui fait bien rire mes camarades… Superman me sauve la vie même si je ne ressemble pas à une brésilienne ! Un vrai héro quoi… L’organisation nous donne alors ses consignes de sécurité. Ils sont d’ailleurs très pro à ce niveau-là. Nous entamons notre descente 10 et 5 minutes après nos adversaires Anglo-saxons. Nous craignons le retour des équipes suédoises. La rivière est magnifique, la végétation luxuriante. On avance vite sur des kayaks auto-videurs très bas. On se régale. Les premiers rapides approchent, un classe 3 voire 4 nous met tous à l’eau, on tape les genoux sur des rochers, on perd notre matériel. Mais on récupère tout grâce à l’aide de deux secouristes sur place. On a rattrapé les anglais qui sont en vrac aussi ! On repart et avec tom on va maîtriser les rapides suivants contrairement à Audrey et Adri qui baignent à chaque fois ou presque ! Adri casse ensuite sa pagaie sur une nouvelle chute et nous ne savons pas encore que cela aura de lourdes conséquences… Nous terminons cette magnifique et ludique section proche des 2 équipes devant nous et nous sommes heureux de constater que personne ne nous a rattrapés… Les suédois, c’est plus ce que c’était !!!
Section 8, vtt 42km : montagnes russes
Nous sommes jeudi après-midi et le soleil tape bien fort. Cette courte section de vtt est roulante au début et infernale sur la fin. Des montagnes russes avec des pentes à 20%. Tom est forme olympique mais casse sa chaîne. J’ai le genou gauche en feu suite à ma chute de kayak. On rejoint tantôt à pied tantôt sur le vélo la Y de Cube où une belle surprise nous attend avec la présence des copains de Lozère. On discute et on se prépare pour la section jungle annoncée très difficile…
Section 9, trek 40km : bouhhhhhhhhhhhhh
Il est 18h30 environ ce jeudi soir lorsqu’enfin prêt nous partons pour l’enfer… Pas de carte dans ce secteur. Nous devons suivre la trace GPS. Et c’est un problème pour nous car nous ne savons pas faire. Tom et Adri s’y collent sur les 10km de piste qui permettent d’atteindre l’entrée de la forêt. Mais ils n’y arrivent pas, pire Adri tombe le gps et la vitre se brise… Il fonctionne encore et après une heure d’attente l’un des deux annonce comprendre l’outil ! Ça marche ! Ouf…Le début de la jungle est décevant, une large piste rouge transformée en gigantesque champs de boue. On essaie de protéger nos pieds au maximum en évitant de tomber dans la boue mais très vite on se rend compte que c’est impossible. Alors on y va franchement, s’agit d’aller vite maintenant ! Tom nous agrémente alors d’un moment d’anthologie dont il a le secret. Se ratant sur un franchissement il tombe dans une fosse de boue plus importante et se met à paniquer « au secours je vais me noyer, Seb vient me sauver ». Puis sorti de son enfer, il appelle tout le monde à un peu plus de calme et de sérénité ! On est mort de rire et cela fait du bien dans ce contexte bien hostile…le chemin finit par se rétrécir et on entre véritablement dans la forêt. De nuit elle n’a rien d’exceptionnel par contre le sentier lui l’est ! Un sentier de boue où l’on s’enfonce à minima jusqu’à la cheville mais bien plus souvent jusqu’au genou. Il nous reste certainement 25km à faire… Mais il était écrit qu’on croiserait à nouveau nos amis américains, de nouveau perdus mais cette fois avec leur GPS ! Cela nous motive, Audrey en profite pour nous balancer son sac jugée trop lourd avec véhémence, elle est fâchée, un peu mais pas trop, pas trop longtemps…, Les américains nous doublent puis s’égarent puis nous doublent et ainsi toute la nuit ou presque. Pas de serpent en vue mais de belles mygales. Et puis il fallait pimenter la section avec un dénivelé de 300m à faire dans ses conditions. L’enfer, la galère mais on a pas la choix alors on ne s’arrête pas, jamais. De toute façon où se poser dans ces conditions ! Nous larguons Tecnu sur une dernière erreur de leur part. On termine comme on peut et même à la nage pour traverser la rivière qui nous coupe du CP malgré les réticences de Tom. On réalise certainement le meilleur temps de la section (13h30)….Audrey vient de réaliser pour moi un exploit incroyable tant cette marche nécessitait une force physique et mentale monumentale. Béa d’Endorphinmag nous attend à la transition et nous donne quelques news. Nous décidons d’enchaîner avec la dernière section kayak pendant que la marée nous est favorable. Tecnu arrive au moment de notre départ, les anglais sont une heure devant. Les français qui craquent à 3h. La bagarre continue !
Section 10, Kayak 55km, course 4km : A une pagaie près
L’orga refuse de nous prêter une pagaie de remplacement et nous partons donc avec trois pagaies et demi ! On mange et dort à tour de rôle. On débute sur une rivière puis sur un estuaire. En arrivant au CP 31, on voit les anglais juste devant nous à 15mn ! Mais aussi les américains juste derrière… Mais encore 30km à parcourir… Adri a besoin de dormir, Audrey devient alors superwomen et fait avancer le kayak seule et elle motive les troupes tel un entraineur de rugby ! Elle nous bluffe. Avec Tom on galère avec cette demi pagaie, on s’épuise et lorsque la marée s’inverse, il nous devient difficile de la contrer. C’est long, très long. Le CP suivant est dans la mangrove, Les américains sont à fond derrière nous, les anglais toujours juste devant. On est à fond mais cette demi-pagaie est un lourd handicap. Tecnu nous double juste avant d’accoster, des machines très très entrainées. Ils sortent du bateau, ramassent leurs affaires au plus vite et partent en courant à 15km /h ! On décide alors de prendre un peu plus notre temps pour réaliser les 4kms devant nous amener à l’arrivée à Monpiché. Quand on s’aperçoit que les anglais se sont perdus dans la mangrove et qu’ils arrivent. Ils sont surexcités, posent leurs bateaux, se débarrassent de leur dossier et partent eux aussi comme des furieux rejoindre la ligne. Ils perdent des affaires et en ramassent la moitié… l’un des 4 peine à suivre et cela nous fait rire, le costaud de l’équipe capable encore de courir à 20km/h le tracte alors et ils s’envolent. Nous on ne peut courir à cette vitesse à ce moment-là. On est médusé. Finir un raid de 130h au sprint sur une route, ça gâche un peu la fête. Une arrivée kayak aurait été bien plus logique et saine. Après 2km, on croit voir une nouvelle équipe derrière nous mais ce sont des joggers ! On finit par franchir la ligne d’arrivée en 7ème position à 15mn des américains finalement 4ème et qui doublent les français à 1OOm de la ligne, eux qui pensaient que l’équipe suivante était à 2h ! Nous nous faisons un plaisir de rendre aux anglais leurs affaires tombées sur la route…Fin étrange d’un superbe raid, d’une aventure hors du commun où nous aurons découvert un pays aux multiples facettes.
Nous sommes fiers de cette place assez logique compte tenu de notre niveau physique de la semaine et du peu d’orientation difficile proposée. Nous garderons longtemps en mémoire ses volcans enneigés, ses forêts luxuriantes, ces deux sections kayaks d’anthologie et le bonheur partagé durant 130h ainsi que la grande qualité d’organisation. . Le raid aventure c’est toujours « magic ».
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